12 DÉCEMBRE 2025
Par Cécile
Avant même de parler de chien parfait, il y a une question essentielle, et pourtant rarement posée franchement : pourquoi avons-nous voulu un chien ? Et plus précisément encore : pourquoi ce chien-là ?
Parce que vous aviez un chien quand vous étiez enfant ? Parce que vous aviez envie de sortir davantage ? Pour tenir compagnie à un autre chien ? Pour vous sentir en sécurité, moins seul ? Pour responsabiliser les enfants ? Pour sauver cette pauvre âme en détresse qui a mal commencé sa vie ?
La plupart de ces raisons sont profondément louables, parfois même très belles. Mais elles reposent souvent sur une idée implicite : le chien viendrait répondre à un besoin humain.
Et c’est là que, doucement, les choses se compliquent.
On entend parfois dire que, idéalement, il ne faudrait « pas avoir de raison » pour prendre un chien. En réalité, ce n’est pas tant le fait d’avoir une raison qui pose problème — nous en avons tous — mais le fait de ne pas en avoir conscience. Le danger n’est pas d’avoir un besoin. Le danger est d’attendre du chien qu’il le répare, qu’il le comble ou qu’il en porte la responsabilité.
Idéalement, on ne devrait donc pas prendre un chien pour quelque chose, mais choisir de partager une vie avec lui. Et pourtant, dans les faits, nous faisons très souvent l’inverse, le plus souvent inconsciemment.
En France, en tout cas, avoir un chien semble presque faire partie de la norme sociale : vivre en couple, avoir une maison, des enfants… et un chien. Comme une étape logique, presque automatique. Pourtant, adopter un chien n’est pas un simple choix de mode de vie ; c’est prendre en charge un être vivant, d’une autre espèce, qui dépendra de nous pour douze à quinze ans, parfois davantage.
Il dépendra de nous pour sortir, manger, faire ses besoins, rencontrer d’autres chiens, rencontrer des humains. Nous déciderons ce qu’il mange, quand il sort, où il peut dormir, quand il peut aboyer, quand il peut courir, quand il doit se taire, quand il doit s’adapter. Autrement dit, nous contrôlons l’immense majorité de sa vie.
Et malgré cela, nous attendons souvent de lui qu’il soit équilibré, sociable, calme mais joueur, obéissant mais spontané, affectueux sans être envahissant. C’est précisément ici que naît, souvent sans que l’on s’en rende compte, l’idée du chien parfait.
Le chien devient alors bien plus qu’un compagnon. Il devient aussi un reflet. Un miroir social.
Un chien calme, obéissant, sociable, qui « fait tout bien », c’est aussi — dans l’imaginaire collectif — l’image d’un humain compétent, responsable, respectueux des règles. À l’inverse, un chien qui tire en laisse, qui aboie, qui réagit aux congénères ou aux humains, devient très vite source de malaise.
La gêne arrive vite :
Les propriétaires de chiens dits « réactifs » parlent très souvent de cela : la honte, la gêne, le sentiment d’être jugés. Comme si le comportement du chien était la preuve d’un échec personnel.